
Résumé exécutif
DNS4EU est un projet de l’Union européenne visant à déployer un service de résolution DNS public, gratuit et conforme au RGPD, entièrement opéré en Europe. Lancé en juin 2025 après plusieurs années de préparation, ce résolveur DNS européen a pour mission de renforcer la souveraineté numérique de l’UE en offrant une alternative aux services DNS dominants exploités hors d’Europe (tels que Google Public DNS ou Cloudflare).
Soutenu par la Commission européenne et l’Agence de l’UE pour la cybersécurité (ENISA), DNS4EU est géré par un consortium de partenaires européens et vise à améliorer la cybersécurité et la confidentialité des données des utilisateurs.
Cet article retrace les origines politiques et stratégiques de DNS4EU, détaille les objectifs recherchés en matière de souveraineté, de sécurité et de protection de la vie privée, explore les implications techniques pour les professionnels de la cybersécurité (CERT, SOC, opérateurs DNS, intégrateurs), et examine les bénéfices attendus ainsi que les limites, défis et risques potentiels (interopérabilité, adoption, surveillance, performance). J’ai fait l’analyse sur un neutre et factuel, s’appuyant sur des sources fiables, afin d’informer les experts en cybersécurité sur l’importance de DNS4EU dans le paysage numérique européen.
Les origines du projet DNS4EU
L’initiative DNS4EU s’inscrit dans la volonté de l’Europe d’accroître son autonomie stratégique dans le domaine numérique. Dès 2020, le Conseil européen a souligné que « pour être souveraine sur le plan numérique, l’UE doit renforcer sa capacité à définir ses propres règles, faire des choix technologiques autonomes et développer des capacités numériques stratégiques ».
C’est dans ce contexte qu’à la fin de l’année 2020, la Commission européenne a annoncé son intention de créer un service public européen de résolution DNS. Le constat de départ était que la majorité des résolutions de noms de domaine des Européens dépendait de serveurs DNS situés hors UE, ce qui posait des enjeux de contrôle, de sécurité et de conformité réglementaire.
Au début de 2022, un appel à projets doté d’un financement européen de 14 millions d’euros a été lancé pour concrétiser cette vision. L’objectif était de soutenir la mise en place d’un résolveur DNS paneuropéen, en fournissant un cofinancement public couvrant environ 30 % des coûts initiaux sur trois ans. Le marché visé étant peu rentable (les services DNS publics sont généralement gratuits), l’intervention de l’UE visait à combler un manque d’initiative privée et à assurer que la solution respecte pleinement les exigences européennes en matière de sécurité et de protection des données.
Le consortium retenu, piloté par la société tchèque Whalebone, rassemble des acteurs de dix pays européens (registres de domaines nationaux, entreprises de cybersécurité, équipes CERT et institutions académiques).
Ce projet, officiellement démarré en janvier 2023, est cofinancé par l’Union européenne jusqu’en 2025, période durant laquelle l’infrastructure est développée et déployée à l’échelle du continent.
DNS4EU a été lancé publiquement le 9 juin 2025. Sa mise en œuvre est alignée sur les orientations stratégiques européennes, notamment la stratégie cybersécurité de l’UE et la directive NIS2 adoptée en 2023, qui encourage explicitement les États membres à promouvoir “l’utilisation de services de résolution DNS européens, publics et sécurisés”.
En quelques années, l’initiative est passée du stade de concept politique à une réalité opérationnelle, symbolisant la détermination de l’UE à maîtriser des infrastructures internet critiques au nom de sa souveraineté numérique.
Les objectifs de l’Union européenne (souveraineté, cybersécurité, confidentialité)
Les motivations de l’UE derrière DNS4EU se déclinent en trois axes majeurs : renforcer sa souveraineté numérique, améliorer la cybersécurité collective et garantir la confidentialité des données de ses citoyens. Ces objectifs sont étroitement liés et reflètent les priorités politiques de l’Europe à l’ère du numérique.
La souveraineté numérique et l’autonomie stratégique
Un objectif primordial de DNS4EU est de réduire la dépendance européenne vis-à-vis des services DNS fournis par des entreprises non-UE, principalement américaines.
Actuellement, des résolveurs globaux comme Google (8.8.8.8) ou Cloudflare (1.1.1.1) gèrent une part massive du trafic DNS en Europe.
Cela pose un risque de dépendance stratégique : une interruption ou une manipulation de ces services pourrait affecter l’ensemble du marché européen, comme l’ont illustré des pannes DNS majeures en 2019 et 2020. En développant une alternative 100 % européenne, l’UE vise à rapatrier le contrôle de cette infrastructure critique.
DNS4EU est ainsi présenté comme un résolveur sous juridiction européenne, opéré par des entités européennes et conforme aux lois de l’UE. Ce faisant, l’Europe affirme que l’infrastructure internet relève de sa souveraineté et de sa sécurité collective; une démarche en phase avec la notion d’« autonomie stratégique » défendue à Bruxelles.
Concrètement, garder la maîtrise du DNS permet à l’UE de s’assurer que les règles du marché unique numérique et ses valeurs (neutralité du Net, protections des utilisateurs) soient respectées au niveau de la résolution des noms de domaine.
Un autre aspect de la souveraineté est juridique et géopolitique. Les données de navigation (requêtes DNS) traitées en dehors de l’UE peuvent être soumises à des législations étrangères, comme le CLOUD Act américain, qui pourraient forcer leur divulgation à des autorités non-européennes.
En acheminant le trafic DNS des utilisateurs européens vers des serveurs localisés dans l’UE, DNS4EU garantit que ces requêtes restent sous le cadre légal européen, à l’abri d’ingérences extérieures et en accord avec la juridiction de l’UE. Il s’agit donc de protéger la souveraineté des données (data sovereignty), c’est-à-dire le droit pour l’Europe de gérer et protéger les données de ses citoyens selon ses propres normes.
Focus sur la Cybersécurité et résilience du réseau
Sur le plan de la cybersécurité, DNS4EU est conçu comme un élément renforçant la résilience et la défense du cyberespace européen. Le DNS est souvent qualifié de « l’annuaire d’Internet » et joue un rôle essentiel dans le fonctionnement du réseau. En disposant d’un résolveur géré localement, l’UE cherche à réduire sa surface d’exposition aux cybermenaces liées au DNS et aux attaques visant les grands fournisseurs mondiaux.
Par exemple, une attaque DDoS massive ou une compromission ciblant un résolveur public étranger pourrait avoir des répercussions immédiates en Europe si la majorité du trafic y transite. Avoir une infrastructure DNS répartie au sein de l’UE rajoute une couche de protection et de redondance en cas de défaillance ou d’agression extérieure. Cela s’inscrit dans la continuité du programme de renforcement de la résilience des entités critiques et de la révision de la directive NIS (NIS2) visant à sécuriser les services essentiels.
Le projet DNS4EU ambitionne également d’offrir un service DNS “proactif” orienté sécurité. Contrairement à un résolveur classique qui se contente de traduire des noms de domaine, DNS4EU intègre des mécanismes de filtrage pour bloquer automatiquement les domaines malveillants (sites de phishing, de diffusion de malwares, etc.) et autres menaces identifiées.
L’initiative s’appuie pour cela sur un partage de renseignements entre acteurs européens : des CERT, CSIRT et laboratoires partenaires fournissent en continu des informations sur les campagnes malveillantes en cours, permettant au service de mettre à jour sa liste de blocage en quasi-temps réel.
Ainsi, si une menace est découverte dans un pays de l’UE, son indicateur de compromission (IOC) peut être rapidement diffusé et le domaine malveillant associé bloqué simultanément dans d’autres pays via DNS4EU. Cette mutualisation européenne de la threat intelligence vise à endiguer plus efficacement la propagation des cyberattaques.
En somme, DNS4EU joue le rôle d’un bouclier DNS à l’échelle européenne : il renforce la sécurité du surf Internet par défaut, sans action requise de l’utilisateur final, ce qui peut réduire le nombre d’infections et d’incidents à traiter en aval par les entreprises et les particuliers.
Il convient de noter que le service respecte par ailleurs les standards techniques récents contribuant à la sécurité du DNS : il supporte DNSSEC (validation des signatures des domaines pour éviter le cache poisoning) ainsi que le DNS chiffré (protocoles DoH DNS over HTTPS et le DoT DNS over TLS) afin de prévenir l’écoute ou la manipulation des requêtes en cours de route.
Ces choix techniques témoignent de la volonté d’inscrire DNS4EU dans les meilleures pratiques de durcissement, conformément aux recommandations de l’ENISA et aux exigences de NIS2 sur le chiffrement des services critiques.
La confidentialité des données et laprotection de la vie privée
Le troisième pilier des objectifs de DNS4EU concerne la protection de la vie privée et la conformité au cadre réglementaire européen (notamment le RGPD). L’UE cherche à offrir avec DNS4EU une alternative aux résolveurs publics existants qui soit en accord avec ses principes de confidentialité et d’éthique des données. Cela signifie d’abord que le service est conçu selon les principes de “privacy by design” et “privacy by default” : la collecte de données personnelles est minimisée voire éliminée, et tout est fait pour que l’utilisateur n’ait pas d’actions supplémentaires à entreprendre pour protéger sa vie privée.
Concrètement, DNS4EU n’enregistre pas les requêtes DNS de manière identifiable sur le long terme. Selon le consortium, aucune donnée n’est exploitée à des fins de profilage ou de monétisation, contrairement à certains services gratuits financés par l’exploitation des données utilisateurs.
La politique annoncée est une absence totale de journalisation persistante des adresses IP sources : l’adresse IP de l’utilisateur est anonymisée ou conservée uniquement en mémoire le temps de la résolution (quelques millisecondes) puis immédiatement effacée. Les identifiants techniques éventuellement stockés pour la qualité de service sont hachés et régulièrement renouvelés, garantissant qu’aucune corrélation durable ne puisse être faite entre les requêtes et un individu.
Ces mesures visent à satisfaire aux exigences strictes du RGPD et des autorités européennes en matière de minimisation des données.
De plus, l’ensemble de l’infrastructure DNS4EU (serveurs résolveurs, bases de données associées, plateformes d’administration) est hébergé à 100 % sur le sol européen. Cela assure que les données de connexion restent dans l’Espace économique européen et ne transitent pas par des pays tiers non soumis au RGPD. Le consortium a intégré des partenaires experts en conformité (tels que le cabinet Time.lex en Belgique) pour effectuer des audits et vérifier que toutes les opérations respectent les normes européennes de confidentialité. L’ENISA, en tant que coordinatrice du volet cybersécurité, veille aussi à ce que les pratiques du service soient exemplaires sur le plan de la protection des données.
En résumé, DNS4EU cherche à offrir aux utilisateurs un résolveur neutre et éthique : il ne trace pas les internautes, ne vend ni n’exploite leurs données, et il empêche également les tiers (par le chiffrement DoH/DoT) d’espionner les requêtes. Cette orientation répond aux préoccupations croissantes du public quant au respect de la vie privée en ligne et au besoin de solutions numériques alignées sur les valeurs européennes. L’initiative vise ainsi à établir la confiance des citoyens et des organisations dans un service internet fondamental, en garantissant que ni l’économie de l’attention ni la surveillance illicite ne viennent interférer avec la résolution de leurs noms de domaine.
Les implications techniques pour les professionnels de la cybersécurité (CERT, SOC, opérateurs DNS, intégrateurs)
Le déploiement de DNS4EU à l’échelle européenne entraîne diverses implications pour les professionnels de la cybersécurité, qu’ils opèrent dans des centres de réponse aux incidents (CERT/CSIRT), des centres opérationnels de sécurité (SOC), chez des opérateurs/fournisseurs de services DNS ou en tant qu’intégrateurs de solutions réseau. Voici comment ce nouveau service peut impacter ces différents acteurs.
Pour les CERT et CSIRT (équipe de réponse aux incidents) :
DNS4EU offre un nouveau canal de collaboration en matière de renseignement sur les menaces. Les CERT nationaux et sectoriels font partie intégrante du consortium DNS4EU ou de ses partenaires associés, avec pour rôle d’alimenter la plateforme en indicateurs de compromission et en analyses locales.
En retour, ces équipes bénéficient d’un mécanisme fédéré pour propager instantanément des mesures de blocage au niveau DNS dans plusieurs pays.
Par exemple, si un CERT bancaire en Europe détecte un domaine de phishing ciblant des clients, son signalement via DNS4EU permet de couper l’accès à ce domaine pour des millions d’utilisateurs au-delà de sa seule juridiction nationale.
Cela renforce la portée des actions des CERT et favorise une approche coopérative de la réponse aux incidents à l’échelle de l’UE. Techniquement, DNS4EU met à disposition un pipeline de threat intelligence basé sur des outils comme MISP (Malware Information Sharing Platform) pour partager et synchroniser les nouvelles menaces entre participants en temps réel.
Pour les CERT, l’enjeu sera aussi d’intégrer ces flux de données DNS4EU dans leurs propres systèmes de détection et d’alertes, afin de corréler les événements bloqués au niveau DNS avec d’autres événements de sécurité et ainsi améliorer leur connaissance situationnelle des attaques en cours.
Pour les SOC (centres opérationnels de sécurité) :
Les équipes SOC des entreprises et administrations pourraient tirer profit de DNS4EU de deux manières principales. D’une part, l’utilisation de DNS4EU par leur organisation peut réduire la charge d’alertes et d’incidents liés aux menaces courantes.
En bloquant en amont nombre de domaines malveillants, le résolveur européen prévient potentiellement des infections (par malware) ou des connexions à des serveurs de commande et de contrôle, ce qui allège d’autant le travail de détection/remédiation du SOC. Le consortium souligne que le service peut « décharger les équipes SOC d’une partie du travail de sécurité DNS en le confiant à l’équipe DNS4EU ».
D’autre part, DNS4EU offre des possibilités d’intégration technique avec les outils du SOC. Par exemple, il est prévu que les journaux anonymisés des requêtes DNS bloquées puissent être exportés vers des plateformes SIEM (Security Information and Event Management) comme Splunk ou Elastic Stack. Cela signifie que les analystes SOC pourront recevoir dans leur console les événements de sécurité générés par DNS4EU (tentatives d’accès à un site malveillant bloqué, par ex.) et les corréler avec d’autres indicateurs internes. Une telle intégration, respectueuse de la vie privée (puisque les IP clients sont masquées), permettrait aux SOC de bénéficier de la visibilité DNS apportée par DNS4EU tout en conservant un point de contrôle local sur la sécurité du réseau.
En outre, le fait que DNS4EU assure une résolution DNS robuste et redondante peut améliorer la disponibilité des services IT pour lesquels le SOC est garant, ce qui indirectement entre dans les considérations de continuité d’activité gérées par ces centres.
Pour les opérateurs DNS et les FAI/télcos (ISP, FAI, Hébergeurs…) :
L’arrivée de DNS4EU dans le paysage peut être perçue soit comme une concurrence, soit comme une opportunité de partenariat, selon le profil des acteurs en place. Les fournisseurs de DNS publics existants (Quad9 en Suisse, les résolveurs de certains registres nationaux, etc.) voient émerger un nouvel acteur soutenu par des fonds publics, susceptible de capter une partie des utilisateurs européens sensibles aux arguments de souveraineté et de confidentialité.
Ils pourraient être amenés à ajuster leur positionnement en mettant davantage en avant leurs propres garanties de protection des données ou en collaborant sur les standards (par exemple l’adhésion à l’European Resolver Policy qui promeut des bonnes pratiques volontaires). Pour les fournisseurs d’accès Internet (FAI) et opérateurs télécoms, DNS4EU peut constituer une solution clé en main pour améliorer la sécurité de leur service DNS par défaut.
Plutôt que de maintenir isolément une infrastructure de filtrage, un FAI peut décider d’utiliser ou de white-labler DNS4EU pour ses clients. Le consortium propose en effet aux opérateurs une intégration via API et un déploiement en clusters dédiés, de sorte que le service DNS4EU puisse être distribué directement aux abonnés tout en minimisant les coûts opérationnels pour le FAI. Cela pourrait se traduire, par exemple, par une mention « Secured by DNS4EU » sur les offres Internet européennes à l’avenir. À noter que l’un des cas d’usage explicitement visés par le projet est DNS4EU for Telcos, avec la promesse d’une résolution DNS « pour toute la base clients d’un opérateur, avec un minimum de surcharge manuelle pour leurs équipes ».
Les opérateurs critiques (comme ceux gérant des réseaux d’administration ou de santé) sont également encouragés par l’UE à adopter DNS4EU pour bénéficier d’un DNS résilient et conforme aux régulations, ce qui pourrait devenir un élément de conformité NIS2 à moyen terme. Enfin, pour les gestionnaires de services DNS internes (entreprises, hébergeurs), DNS4EU représente un nouvel étalon de référence en matière de bonnes pratiques (chiffrement, filtrage, conformité), les incitant à évaluer leurs propres services à l’aune de ce standard européen.
Pour les intégrateurs et architectes réseaux :
Les spécialistes chargés de déployer des solutions réseau/cybersécurité pour des clients devront prendre en compte DNS4EU comme une option supplémentaire à proposer ou à composer dans l’architecture. Par exemple, un intégrateur concevant l’infrastructure d’un client multinational européen pourra recommander DNS4EU pour le résolveur DNS des sites européens, tout en conservant d’autres solutions pour les sites hors UE – c’est l’approche hybride préconisée (router le trafic DNS européen vers DNS4EU, et le trafic DNS d’autres régions vers un résolveur global comme 1.1.1.1) afin d’optimiser les performances et la conformité.
Il en va de même pour les intégrateurs déployant des solutions de filtrage : DNS4EU peut soit se substituer à certaines appliances de sécurité réseau (en fournissant déjà un niveau de filtrage DNS en amont), soit s’y combiner.
Ils devront aussi s’assurer de la compatibilité de DNS4EU avec les environnements de leurs clients : par exemple, vérifier que l’utilisation de DNS chiffré (DoT/DoH) est supportée par le parc applicatif, ou configurer correctement les exceptions pour que les noms de domaine internes des entreprises (non publics) continuent à être résolus en interne même si DNS4EU est utilisé comme résolveur principal. Les intégrateurs joueront un rôle de pédagogie et de conseil pour expliquer les avantages de DNS4EU (facilité d’adoption, mises à jour de sécurité centralisées, conformité RGPD immédiate, etc.), mais aussi ses limites. Ils devront éventuellement anticiper les demandes de support technique liées à DNS4EU (par exemple, comment diagnostiquer une résolution bloquée par DNS4EU, comment utiliser les modes sans filtre si nécessaire, etc.).
En résumé, DNS4EU devient un nouvel élément du catalogue d’outils des professionnels IT en Europe, et son intégration judicieuse dans les architectures réseau sera un facteur clé pour maximiser ses bénéfices.
Parlons des bénéfices attendus de DNS4EU
Le projet DNS4EU promet une série de bénéfices, à la fois pour la collectivité européenne et pour les différentes catégories d’utilisateurs (citoyens, organisations publiques, entreprises). Voici les principaux avantages escomptés :
- Renforcement de la sécurité du cyberespace européen : DNS4EU doit agir comme une couche de protection mutualisée contre les cybermenaces. En bloquant proactivement les domaines malveillants connus, il réduit les risques d’infection pour les terminaux des utilisateurs et freine la diffusion de phishing ou de malwares à grande échelle. Ce filtrage centralisé, alimenté par l’intelligence collective des CERT européens, permettra d’endiguer plus rapidement des attaques se propageant d’un pays à l’autre. En outre, la présence de nœuds DNS4EU distribués dans de nombreux États membres offre une résilience accrue en cas d’attaque DDoS contre le service DNS lui-même ou d’incident technique sur un point du réseau. Là où une attaque contre un résolveur unique pourrait perturber des millions d’utilisateurs, l’architecture distribuée de DNS4EU réduit ce point de défaillance unique. Globalement, l’Europe attend de DNS4EU qu’il améliore la posture de sécurité par défaut de l’Internet européen, en protégeant en arrière-plan les utilisateurs qui n’auraient pas eux-mêmes mis en place de solutions de filtrage DNS.
- Souveraineté technologique et indépendance vis-à-vis des acteurs extra-UE : Sur un plan stratégique, DNS4EU concrétise la volonté de l’UE de tenir une position plus indépendante dans la gouvernance d’Internet. En proposant une solution européenne face aux services américains dominants, l’UE crée un levier pour influencer les normes et les pratiques de l’écosystème DNS mondial. Cela pourrait encourager une diversification du marché des résolveurs (actuellement très concentré) et réduire les risques systémiques liés à cette concentration. De plus, du point de vue des institutions publiques européennes, disposer d’un résolveur souverain offre la garantie que les politiques publiques (par exemple le blocage de sites explicitement illicites tel que la pédopornographie, ou la désactivation de domaines de désinformation dans des contextes de guerre hybride) pourront être appliquées en coordination avec un service aligné sur les cadres juridiques européens. Bien que DNS4EU ne soit pas un outil de censure (son usage est volontaire et il n’a pas de passe-droit pour bloquer au-delà des bases légales existantes), le fait d’avoir la main sur l’infrastructure permet à l’Europe de mettre en œuvre ses décisions (judiciaires ou réglementaires) sans dépendre du bon vouloir d’entités étrangères. Enfin, en termes d’image et de confiance, DNS4EU est un symbole de l’Europe qui construit son autonomie numérique et de sa capacité à proposer des services concrets aux citoyens en accord avec ses valeurs.
- Protection de la vie privée des utilisateurs finaux : Contrairement à certains services DNS gratuits ou fournis par des entreprises dont le modèle économique repose sur la donnée, DNS4EU s’engage à ne pas espionner ni tracer les habitudes de navigation des internautes. Les requêtes ne font l’objet d’aucune collecte commerciale (pas de journalisation historique des sites consultés, pas de profilage publicitaire). Pour l’utilisateur lambda, cela se traduit par une garantie que son activité DNS reste confidentielle, connue de lui seul et, dans une certaine mesure, de DNS4EU uniquement de manière transitoire. Cette confidentialité renforce le droit à la vie privée en ligne et la protection contre l’exploitation des données. Par ailleurs, l’usage de DNS4EU aide les organisations à se conformer au RGPD plus aisément en ce qui concerne la résolution DNS : une entreprise ou une administration qui choisit DNS4EU s’assure que les métadonnées DNS de ses employés/clients restent en Europe et ne sont pas susceptibles d’être transférées hors UE (ce qui peut simplifier les analyses de risques sur les flux de données). En somme, il s’agit d’un bénéfice en matière de conformité réglementaire et de réduction du risque légal lié aux données personnelles.
- Amélioration des performances et du service DNS local : Bien qu’il soit encore en phase initiale, DNS4EU a été conçu pour offrir des performances comparables aux meilleurs résolveurs mondiaux. Grâce à une infrastructure Anycast répartie dans au moins 14 pays de l’UE, les requêtes sont traitées par le nœud le plus proche géographiquement, ce qui réduit la latence moyenne (inférieure à 20 ms dans la plupart des capitales européennes selon les premiers tests). Pour les utilisateurs européens, cela peut signifier une résolution DNS plus rapide ou équivalente aux solutions existantes, tout en bénéficiant des garanties de sécurité et de confidentialité. De plus, DNS4EU étant soutenu par des entités publiques et critiques, il vise un haut niveau de disponibilité et de fiabilité, à même de desservir des services essentiels (administrations, hôpitaux, etc.) qui exigent une continuité 24/7. Autre atout, en proposant plusieurs profils de filtrage configurables (non filtré, filtrage malware, filtrage jeunesse, filtrage publicités, etc.), DNS4EU offre une flexibilité aux utilisateurs : chacun peut choisir le niveau de protection adapté à ses besoins, ce qui constitue un service plus riche fonctionnellement qu’un DNS classique. Par exemple, une famille peut opter pour le DNS4EU avec filtrage parental, tandis qu’un développeur préfèrera le DNS4EU sans aucun filtrage – dans les deux cas, les bénéfices de confidentialité et de souveraineté demeurent. Cette personnalisation, combinée à la gratuité du service pour le grand public, rend la proposition de valeur attrayante et devrait faciliter son adoption tout en améliorant l’expérience utilisateur en Europe.
- Allègement des coûts et mutualisation pour les organisations : Pour les entreprises et administrations, utiliser DNS4EU pourrait se traduire par des économies en évitant d’avoir à déployer des solutions commerciales onéreuses de filtrage DNS ou à maintenir sa propre infrastructure DNS sécurisée. Le service, du moins durant la période cofinancée jusqu’en 2025, est proposé gratuitement ou à coût marginal, l’ambition étant ensuite de développer des offres commerciales soutenant la viabilité financière (par exemple des déclinaisons avec SLA pour les gouvernements et les opérateurs). Ainsi, une petite structure publique sans expertise en cybersécurité peut bénéficier d’un DNS sécurisé sans frais additionnels ni compétences pointues, ce qui démocratise l’accès à un niveau de sécurité élevé. De plus, la mutualisation à l’échelle européenne permet des synergies : les menaces identifiées sur un secteur profitent automatiquement aux autres, et les coûts de maintenance/évolution de la plateforme sont répartis entre les partenaires du consortium et, in fine, pris en charge en partie par la Commission européenne (au moins jusqu’en 2025). Cela peut encourager une adoption large, y compris par les pays de l’UE disposant de moins de moyens pour développer de telles solutions individuellement.
En synthèse à ce stade, DNS4EU est porteur d’un ensemble d’avantages convergents : il accroît la sécurité tout en respectant la vie privée, il consolide l’autonomie numérique européenne tout en offrant un service performant et gratuit. S’il tient ses promesses, il pourrait devenir un pilier de confiance de l’Internet européen, au bénéfice des citoyens comme des organisations.
Les Limitations, défis et risques potentiels (interopérabilité, adoption, surveillance, performance)
Malgré ses ambitions louables, DNS4EU fait face à plusieurs défis et soulève certaines interrogations parmi les experts. Il convient d’examiner les limites et risques potentiels liés à son déploiement, tant sur le plan technique que stratégique, notamment en ce qui concerne l’interopérabilité du service, son adoption par les utilisateurs, les craintes de surveillance étatique, et sa performance comparée aux alternatives établies.
- Interopérabilité : DNS4EU devra s’intégrer de manière transparente dans l’écosystème global du DNS, qui est par nature interconnecté et international. Un résolveur DNS, même européen, reste tributaire du bon fonctionnement de la hiérarchie DNS mondiale (serveurs racine, TLD, etc.) et doit coexister avec d’autres services. Il est donc crucial que DNS4EU respecte strictement les standards ouverts et ne tente pas d’implémentations propriétaires qui pourraient perturber la résolution de certains domaines en dehors de l’UE. Par exemple, les mécanismes de filtrage doivent être suffisamment précis pour ne pas entraîner de faux positifs bloquant des domaines légitimes, sans quoi des utilisateurs pourraient rencontrer des difficultés d’accès inattendues. Le projet affirme adhérer aux normes les plus récentes (DNSSEC, DNS sur TLS/HTTPS, IPv6) justement pour garantir une compatibilité maximale. Un défi d’interopérabilité pourrait résider dans la gestion des différences légales locales : DNS4EU devra concilier les listes de blocage propres à chaque pays (par ex. blocages ordonnés par un tribunal) tout en offrant un service unifié. Cela nécessitera une architecture technique capable d’appliquer des filtrages géo-spécifiques sans brider le fonctionnement global du service. En somme, bien que l’interopérabilité ne soit pas un obstacle technique majeur (DNS4EU utilise les mêmes protocoles qu’un autre résolveur), c’est sur le plan opérationnel qu’il faudra veiller à ce que l’introduction de ce nouvel acteur n’entraîne aucune friction dans l’écosystème DNS existant, que ce soit en termes de routage, de réponses non standard, ou de coordination avec les opérateurs de domaines.
- Adoption par les utilisateurs et les organisations : Le succès de DNS4EU dépendra largement de son taux d’adoption. Or, celui-ci n’est en rien garanti, étant donné le caractère facultatif du service. Les FAI ne sont pas obligés de l’utiliser par défaut, et les citoyens/entreprises doivent volontairement configurer leurs équipements pour pointer vers DNS4EU – ce qui exige une démarche proactive. Un des défis sera donc la sensibilisation et la communication autour du projet. Les avantages (sécurité accrue, respect de la vie privée, souveraineté) devront être clairement expliqués pour inciter un changement d’habitudes face aux résolveurs publics bien connus. Comme toute modification d’infrastructure, il peut exister une certaine inertie ou méfiance à “quitter” une solution éprouvée pour une nouvelle. Les particuliers, par exemple, ont peu de motivations à changer de DNS s’ils n’en perçoivent pas les bénéfices concrets immédiatement. De même, les services informatiques d’entreprise pourraient adopter une attitude attentiste pour voir le retour d’expérience d’autres avant de migrer. Il faudra également convaincre sur la fiabilité et la performance : si DNS4EU est perçu comme moins rapide ou moins stable que Google/Cloudflare, beaucoup n’envisageront pas la transition. Des campagnes de mesure de performance transparentes ainsi que des retours positifs de premiers utilisateurs (notamment de grands acteurs publics) pourraient aider à lever ces réticences. L’ENISA et les autorités nationales pourraient aussi encourager l’adoption via des recommandations, voire des obligations indirectes (par ex. pour les OIV/OCI dans le cadre de NIS2). En définitive, il s’agit d’un défi de confiance : DNS4EU devra prouver sa valeur et mériter la confiance pour que les utilisateurs « débranchent » leurs DNS habituels au profit de celui-ci. L’un des risques est que le projet reste sous-utilisé si cette adhésion n’est pas au rendez-vous, ce qui limiterait son impact et sa viabilité économique à terme (puisqu’après 2025 il devra se financer par son usage commercial).
- Surveillance et potentiel détournement : Un point sensible soulevé par des commentateurs est le risque que DNS4EU, bien que créé au nom de la souveraineté et de la sécurité, puisse devenir un outil de surveillance ou de censure s’il était détourné de ses intentions initiales. La crainte exprimée est de « remplacer une surveillance de Big Tech par une surveillance d’État » si le contrôle du DNS passe du privé à des acteurs étatiques sans garanties supplémentaires. En l’occurrence, DNS4EU étant opéré par des entités européennes, il sera soumis aux législations nationales : les fournisseurs du service devront se conformer aux demandes légales d’interception ou de communication de données (“lawful interception”) émises par les autorités compétentes. Autrement dit, un gouvernement ou une agence de sécurité pourrait, via les cadres juridiques existants, exiger l’accès à certaines informations (journaux de résolution, etc.) ou la mise en place de blocages spécifiques. Bien que DNS4EU annonce ne pas conserver de logs détaillés, la possibilité technique de surveillance inquiète les défenseurs des libertés individuelles, notamment pour les personnes cherchant à échapper à des régimes oppressifs ou pour les journalistes et militants dont l’anonymat des consultations est crucial. Le consortium DNS4EU se veut rassurant : il affirme que le service restera volontaire et qu’il ne constitue pas un instrument de censure ; l’UE n’aura pas d’accès privilégié aux données de résolution et DNS4EU “respectera simplement les réglementations locales requises des fournisseurs internet”. Cependant, cette mention de conformité aux réglementations locales implique le blocage de sites illicites au niveau national – ce que d’aucuns considèrent déjà comme une forme de censure lorsque ces lois nationales sont contestées. Il y a donc un équilibre délicat à tenir entre filtrage pour la sécurité et neutralité du Net. Les experts en cybersécurité soulignent la nécessité d’une gouvernance transparente de DNS4EU, avec des rapports publics sur les catégories de sites bloqués et les requêtes gouvernementales reçues, afin de s’assurer que l’outil ne dévie pas de sa mission initiale. Le risque “Big Brother” ne peut être écarté que par la mise en place de garde-fous solides (contrôles indépendants, implication de la société civile dans le suivi, limite de conservation des données confirmée par audit, etc.). À défaut, un climat de suspicion pourrait freiner l’adoption et entacher la réputation du service, voire ouvrir la voie à des abus si un gouvernement futur plus autoritaire cherchait à l’utiliser à mauvais escient.
- Performance et fiabilité technique : Bien que DNS4EU vise l’excellence technologique, un défi non négligeable sera de tenir la comparaison face aux géants mondiaux du DNS en termes de rapidité, de robustesse et d’ampleur de l’infrastructure. Google et Cloudflare, par exemple, disposent de réseaux anycast avec des centaines de points de présence et des capacités colossales de réponse aux requêtes. DNS4EU démarre avec un maillage de 14 pays et s’appuie sur quelques fournisseurs cloud européens (tels que Datapacket, Scaleway, etc.). S’il monte en charge (des millions d’utilisateurs l’utilisant quotidiennement), il devra garantir des temps de réponse faibles et une capacité à absorber le volume sans dégradation, ce qui nécessitera peut-être l’ajout de nombreux nœuds et une optimisation continue du routage.
Lors du lancement, certains experts ont pointé des limitations : par exemple, l’ingénieur réseau Jens Link a observé que le trafic vers DNS4EU empruntait parfois des routes sortant de l’UE (notamment via le Royaume-Uni), ce qui soulève des questions sur le strict confinement européen et sur la latence potentiellement ajoutée. De plus, il a noté une dépendance du site web du projet à Cloudflare et Google pour l’hébergement et l’e-mail, critiquant un manque de cohérence par rapport à l’objectif souverain. Bien que ces éléments ne concernent pas le cœur du résolveur DNS, ils illustrent l’importance de soigner la perception de l’indépendance technique. D’autres commentateurs ont mis en avant l’absence, lors du lancement, du support du tout nouveau protocole DNS-over-QUIC (DoQ), plus rapide et efficace pour certaines utilisations et ce qui a été relevé comme un point d’amélioration à venir. Surtout, la résistance aux attaques DDoS est un enjeu majeur : un service DNS européen deviendra une cible de choix pour des acteurs malveillants voulant perturber la connectivité internet en Europe.
Il faudra que DNS4EU soit capable de faire face à des assauts massifs sur ses serveurs. L’utilisation d’une architecture anycast est un bon départ (elle disperse le trafic sur plusieurs nœuds), mais l’absence de multi-fournisseur initialement notée (un seul AS transitant via une entité, fut-elle européenne) pourrait être un point faible. Le consortium a répondu à ces critiques en indiquant que les aspects incriminés (comme l’hébergement web) sont indépendants du service DNS lui-même et que le cœur du projet le résolveur est bien redondé au sein de l’UE et respectera ses objectifs de performance et de souveraineté.
Quoi qu’il en soit, la preuve par l’usage sera déterminante : il faudra surveiller les métriques de performance (temps de résolution moyen, disponibilité) et les comparer aux références du marché.
Si DNS4EU parvient à offrir un service aussi rapide et fiable que ses concurrents, tout en apportant ses plus-values propres, il gagnera la confiance des utilisateurs exigeants. Dans le cas contraire (pannes répétées, lenteurs, etc.), il risquerait un désaveu rapide de la communauté technique. La période de déploiement progressif jusqu’en 2025-2026 sera donc cruciale pour éprouver l’infrastructure et effectuer les ajustements nécessaires (ajout de nœuds, optimisation du routage BGP, amélioration du logiciel de résolution, etc.) afin de tenir la promesse d’une performance au meilleur niveau.
Il faudra voir avec le temps car DNS4EU devra naviguer prudemment pour surmonter ces défis. Son déploiement devra être accompagné de transparence et d’améliorations continues pour convaincre sur sa bonne intégration technique, gagner l’adhésion des parties prenantes, dissiper les craintes de surveillance, et atteindre le niveau de qualité opérationnelle attendu d’une infrastructure critique. Il s’agit d’un projet inédit par son envergure dans le domaine du DNS : à ce titre, les professionnels de la cybersécurité garderont un œil attentif sur son évolution, conscients à la fois de son potentiel et des responsabilités qui l’accompagnent.
Ma conclusion factuelle sur ce projet
DNS4EU représente une initiative stratégique de l’Union européenne pour reprendre la main sur un composant fondamental de l’Internet avec le système de noms de domaine en accord avec ses valeurs de souveraineté numérique, de sécurité et de respect de la vie privée.
Conçu dans le sillage des orientations politiques visant l’autonomie stratégique, matérialisé par un consortium d’acteurs européens et soutenu financièrement par Bruxelles, DNS4EU est désormais une réalité opérationnelle depuis 2025.
Sur le papier, le service apporte une réponse concrète aux préoccupations européennes : il offre un résolveur DNS localisé en Europe, conforme aux normes de cybersécurité (DNSSEC, chiffrement) et aux exigences réglementaires (RGPD, NIS2), tout en intégrant des fonctionnalités de protection active contre les menaces en ligne. Pour les experts en cybersécurité, DNS4EU ouvre de nouvelles opportunités de collaboration (notamment via le partage de renseignement de menace entre CERT) et pourrait devenir un outil supplémentaire dans le dispositif de défense du continent.
Néanmoins, cette ambition s’accompagne de défis significatifs. Il faudra que DNS4EU prouve sa fiabilité et son efficacité à grande échelle, afin de gagner la confiance des utilisateurs et d’être largement adopté à condition sine qua non de son impact. Il devra maintenir un équilibre délicat entre sécurité et liberté : bloquer les cybermenaces sans dériver vers une surveillance indue ou une censure politique.
De plus, la question de sa pérennité économique se posera après la phase de subvention : l’introduction d’offres commerciales en 2026 devra conjuguer viabilité financière et maintien de l’accessibilité publique et gratuite d’une partie du service. Les prochains mois et années permettront d’évaluer dans quelle mesure ces objectifs sont atteints.
Pour l’heure, DNS4EU symbolise la volonté de l’Europe de façonner son propre destin numérique. Les professionnels de la sécurité sont invités à suivre de près son évolution, à tester le service dans leurs environnements et à contribuer aux réflexions qu’il suscite. Qu’il s’agisse d’un succès retentissant renforçant la confiance numérique européenne ou d’un outil de niche à l’adoption limitée, DNS4EU aura au moins lancé le débat sur l’importance du contrôle européen des infrastructures internet.
Dans un contexte de menaces croissantes et de rivalités géopolitiques autour du numérique, cette initiative préfigure peut-être une tendance plus large : celle d’un Internet fragmenté en blocs régionaux, où la souveraineté et la sécurité priment aux côtés de la connectivité globale. En définitive, DNS4EU est un projet pionnier dont l’impact réel sera mesuré à l’aune de l’usage qu’en feront les acteurs européens et de sa capacité à tenir ses promesses de neutralité, de sécurité et de respect des droits des usagers.
Enjoy !
7. Sources utilisées
- DNS4EU (Official site): https://www.joindns4.eu/about
- HexSSL – DNS4EU: The latest European Union initiative (June 16, 2025): https://www.hexssl.com/dns4eu-the-latest-european-union-initiative/
- Help Net Security – EU launches EU-based, privacy-focused DNS resolution service (Zeljka Zorz, June 9, 2025): https://www.helpnetsecurity.com/2025/06/09/eu-launches-eu-based-privacy-focused-dns-resolution-service/
- NameSilo – DNS4EU Explained: Europe’s Resolver and Global Domain Impact (Blog, 2025): https://www.namesilo.com/blog/en/dns/dns4eu-explained-europe-resolver-global-domains
- Cybersecurity Advisors Network (CyAN) – Not Just European, But Trustworthy: What DNS4EU Reminds Us About Sovereignty, Surveillance, and (Actual) Security (Kim C. McDonald, June 26, 2025): https://cybersecurityadvisors.network/2025/06/26/not-just-european-but-trustworthy-what-dns4eu-reminds-us-about-sovereignty-surveillance-and-actual-security/
- Cybernews – European “sovereign” DNS relies on Cloudflare, Google, and routing through Five Eyes (Ernestas Naprys, June 18, 2025): https://cybernews.com/security/european-independent-dns-relies-on-cloudflare-google/
- Les Numériques – DNS4EU : l’Europe propose un DNS gratuit, rapide et sans espionnage (Aymeric Geoffre-Rouland, June 11, 2025): https://www.lesnumeriques.com/informatique/dns4eu-l-europe-propose-un-dns-gratuit-rapide-et-sans-espionnage-voici-comment-l-activer-n237973.html
- IT-Connect – DNS4EU : l’Europe lance son résolveur DNS pour un Internet plus souverain et sécurisé (Florian Burnel, June 11, 2025): https://www.it-connect.fr/dns4eu-leurope-lance-son-resolveur-dns-pour-un-internet-plus-souverain-et-securise/
- Wikipedia (French) – DNS4EU (page updated in 2025): https://fr.wikipedia.org/wiki/DNS4EU



