Patch Tuesday Microsoft – Novembre 2025

Correction de 63 failles dont 1 zero-day actif

Vous trouverez ci-dessous mon analyse à chaud de ce patch Tuesday de Microsoft historique après la fin du support officiel de Windows 10…J’espère qu’il vous saura utile.

Résumé exécutif

  • 63 vulnérabilités corrigées, dont une faille zero-day exploitée activement :
    La mise à jour de sécurité mensuelle de Microsoft pour novembre 2025 corrige 63 vulnérabilités au total, avec un large éventail de produits affectés, et comprend une faille de type zero-day qui était activement exploitée avant la publication du correctif. Parmi ces failles, cinq ont été classées critiques par Microsoft (incluant des exécutions de code à distance et une élévation de privilèges).
  • Une vulnérabilité exploitée dans la nature (CVE-2025-62215) :
    Un correctif critique vise une vulnérabilité d’élévation de privilèges dans le Kernel Windows (CVE-2025-62215) qui était déjà exploitée activement. Cette faille permet à un attaquant local authentifié d’obtenir les privilèges SYSTEM en profitant d’une condition de compétition (race condition) dans le noyau. Microsoft indique que son exploitation ne requiert qu’une faible complexité d’attaque et a détecté des cas d’exploitation en milieu réel. La découverte de cette faille est attribuée au Microsoft Threat Intelligence Center (MSTIC) et au Microsoft Security Response Center (MSRC).
  • Vulnérabilités critiques à haute sévérité :
    Cinq failles ont reçu le niveau de sévérité Critique de la part de Microsoft. Elles comprennent trois vulnérabilités d’exécution de code à distance (RCE) et deux autres failles graves. Notamment, une vulnérabilité RCE dans la bibliothèque graphique GDI+ (CVE-2025-60724, CVSS 9.8) permet l’exécution de code à distance via un dépassement de tampon si un utilisateur ouvre un fichier image spécialement conçu.

    Également, une faille RCE dans Microsoft Office (CVE-2025-62199, CVSS 7.8) liée à un problème de use-after-free pourrait être exploitée en incitant la victime à ouvrir un document Office piégé. Une vulnérabilité d’élévation de privilèges dans DirectX Graphics Kernel (CVE-2025-60716) permet d’obtenir des privilèges système en gagnant une condition de compétition dans le noyau graphique.

    Par ailleurs, une faille de divulgation d’information critique affecte la solution Nuance PowerScribe 360 (CVE-2025-30398, CVSS 8.1), exposant potentiellement des données sensibles via une absence de contrôle d’authentification sur une API. Enfin, une vulnérabilité RCE dans Visual Studio (CVE-2025-62214) a également été corrigée, bien que son exploitation soit complexe car nécessitant une injection de commandes via l’agent Copilot et d’autres étapes avancées.

Autres failles notables et probabilité d’exploitation :
Plusieurs vulnérabilités classées Importantes méritent une attention prioritaire car Microsoft les considère comme « exploitation more likely », c’est-à-dire présentant une probabilité d’exploitation future plus élevée. Parmi elles figurent des failles d’élévation de privilèges dans le Customer Experience Improvement Program (CEIP) de Windows (CVE-2025-59512), dans le service de cache côté client (CSC) de Windows (CVE-2025-60705), ainsi que trois failles affectant le pilote WinSock (CVE-2025-60719, CVE-2025-62217, CVE-2025-62213).

Aucune des vulnérabilités qualifiées de critiques n’a, en revanche, été signalée comme exploitée ou comme exploitation plus probable à ce stade, ce qui suggère que les attaquants pourraient plutôt cibler ces failles importantes dans un avenir proche si les correctifs ne sont pas appliqués rapidement.

Le bilan global du Patch Tuesday de novembre 2025

Cette mise à jour de novembre 2025 de Microsoft, publiée le 11/11/2025, adresse un total de 63 nouvelles vulnérabilités couvrant divers produits de l’éditeur. Cette série de correctifs de sécurité mensuelle connue sous le nom de Patch Tuesday qui inclut une vulnérabilité dite zero-day (c’est-à-dire déjà exploitée ou divulguée publiquement avant correctif) et plusieurs failles de gravité élevée. Microsoft a classé officiellement 5 de ces vulnérabilités comme critiques (affectant Windows, Office, Visual Studio, etc.), tandis que le reste est classé Important. La répartition par type de vulnérabilité est la suivante : 29 élévations de privilège, 16 exécutions de code à distance (RCE), 11 divulgations d’information, 3 dénis de service et 2 failles de contournement de fonctions de sécurité ou d’usurpation.

Il convient de noter que ce Patch Tuesday de novembre 2025 est particulier car il correspond au premier lot de correctifs de sécurité étendu pour Windows 10 après la fin officielle de son support. En effet, depuis fin octobre 2025, Windows 10 ne reçoit plus de mises à jour gratuites, sauf pour les clients ayant souscrit au programme Extended Security Updates (ESU).
Microsoft a donc publié ce mois-ci le premier correctif ESU pour Windows 10, tout en recommandant vivement aux organisations de migrer vers Windows 11 ou de s’inscrire au programme ESU afin de continuer à recevoir les correctifs critiques. Une mise à jour hors bande a également été diffusée pour résoudre un bug empêchant l’enregistrement au programme ESU.
Les entreprises utilisant encore Windows 10 doivent donc s’assurer d’être engagées dans ce programme ou de planifier une montée de version, sans quoi elles ne recevront pas la totalité des correctifs de sécurité désormais indispensables.

1 Vulnérabilité zero-day exploitée (Windows Kernel CVE-2025-62215)

La CVE-2025-62215 identifiée comme la seule faille de type zero-day de ce mois, il s’agit d’une vulnérabilité d’élévation de privilèges dans le kernel Windows, qui a été activement exploitée avant la diffusion du correctif. Cette faille est due à un problème de concurrence d’exécution (race condition) au sein du noyau : un mauvais synchronisme dans l’accès à des ressources partagées permet à un attaquant disposant déjà d’un accès local (au moins un compte standard sur la machine) d’élever ses privilèges au niveau SYSTEM.

Microsoft a évalué que la complexité de l’attaque est faible (Attack Complexity: Low), ce qui signifie qu’un exploit fiable est relativement facile à développer dans un contexte où l’attaquant a déjà un accès de base sur la machine cible. En pratique, l’exploitation de cette faille nécessite de « remporter » la condition de compétition, c’est-à-dire d’exécuter du code au moment opportun pour devancer les mécanismes concurrents afin d’obtenir les privilèges système sur l’hôte vulnérable. Une fois cette condition remplie, l’attaquant peut prendre le contrôle total de l’appareil affecté.

Microsoft a crédité sa propre équipe MSTIC (Microsoft Threat Intelligence Center) ainsi que le MSRC (Microsoft Security Response Center) pour la découverte et la remontée de cette vulnérabilité. Aucune information publique supplémentaire n’a été communiquée quant au mode d’exploitation exact observé dans la nature, ni sur l’identité des attaquants ou le contexte des attaques. L’existence d’un exploit actif pour cette faille souligne néanmoins l’urgence d’appliquer ce correctif sur l’ensemble des systèmes Windows affectés. Les responsables de la sécurité (équipes SOC/CSIRT) devraient vérifier en priorité que ce patch d’élévation de privilège Kernel est déployé, étant donné le risque élevé d’exploitation continue.

Notons que CVE-2025-62215 a obtenu un score CVSS de 7.8 (sur 10), reflétant son impact sérieux même si elle n’est pas classée « critique » du fait qu’elle nécessite un accès local préalable.

Dans les vulnérabilités critiques corrigées

Parmi les 63 failles corrigées en novembre, 5 vulnérabilités critiques se distinguent de par leur impact et leur portée. Bien qu’aucune n’ait été signalée comme exploitée à ce jour, leur exploitation pourrait permettre à un attaquant distant d’exécuter du code arbitraire ou de compromettre gravement la confidentialité et l’intégrité des systèmes cibles. Microsoft n’envisage pas à court terme d’exploitation active pour ces failles (elles sont toutes marquées comme « exploitation less likely » selon le classement interne), mais leur sévérité intrinsèque justifie une remédiation rapide. Voici un tour d’horizon de ces vulnérabilités critiques :

  • RCE dans Microsoft GDI+ (CVE-2025-60724) Score CVSS 3.1 : 9.8.
    Il s’agit de la vulnérabilité la plus sévère en score cette fournée. Un dépassement de tampon dans le composant graphique GDI+ permet à un attaquant non authentifié d’exécuter du code arbitraire à distance sur un système vulnérable. L’attaque peut être menée en envoyant à la victime un fichier image ou document contenant un métafile spécialement conçu pour exploiter le bug.

    Si la victime ouvre ce fichier piégé, l’attaquant peut obtenir l’exécution de code avec les mêmes privilèges que l’utilisateur. Pire, Talos signale qu’un attaquant pourrait potentiellement exploiter cette faille sur des services web en y téléversant un document malicieux par exemple via une fonctionnalité d’upload; ce qui pourrait entraîner l’exécution de code sur le serveur sans interaction d’un utilisateur.
    Aucune authentification n’est requise pour exploiter la faille de cette manière sur une application vulnérable exposée. L’exploitation réussie peut conduire à l’exécution de code arbitraire sur le serveur ou à une divulgation de données si le service traite le fichier piégé. Microsoft note que la complexité d’attaque est faible et a classé cette faille en catégorie « moins probable d’exploitation », mais au vu du score CVSS critique et de l’ampleur potentielle (exploitation via documents malveillants), il est crucial de corriger GDI+ sans délai.
  • RCE dans Microsoft Office (CVE-2025-62199) Score CVSS 7.8.
    Cette vulnérabilité affecte les applications Microsoft Office et provient d’un bug de type use-after-free permettant à un attaquant non authentifié d’exécuter du code sur la machine d’un utilisateur ciblé. Le scénario d’attaque typique consisterait à envoyer à la victime un fichier Office (par ex. un document Word ou Excel) spécialement conçu et de la convaincre de l’ouvrir. L’exploitation réussie conférerait à l’attaquant le contrôle du poste de travail avec les mêmes droits que l’utilisateur actuel. Comme souvent pour les failles Office, l’attaque nécessite une interaction (l’ouverture du fichier par la victime), ce qui peut expliquer que Microsoft ait initialement noté cette vulnérabilité comme « Important » malgré son score élevé, mais elle est traitée comme critique par prudence dans la documentation de Talos. La complexité d’attaque est jugée faible et aucune authentification préalable n’est requise. Il est donc conseillé aux entreprises de déployer rapidement les mises à jour Office associées pour neutraliser ce vecteur courant d’intrusion (hameçonnage par document malveillant).
  • Élévation de privilèges dans DirectX Graphics Kernel (CVE-2025-60716) – CVSS 7.0. Cette faille affecte le composant noyau de DirectX (pilote graphique) et permet à un utilisateur malveillant déjà authentifié d’élever ses privilèges au niveau administrateur/local system. Le bug sous-jacent est un use-after-free dans le pilote graphique de Windows, exploitable localement. Pour en tirer parti, l’attaquant doit déclencher une condition de compétition (similaire à la faille 0-day du kernel mais dans le contexte graphique) en exécutant des actions visant à provoquer le bug au bon moment. Si l’exploitation réussit, elle donne à l’attaquant un contrôle complet sur la machine (droits SYSTEM potentiellement). Microsoft indique que la complexité de l’attaque est élevée (nécessite un timing précis et plusieurs étapes), et a classé cette vulnérabilité comme critique mais « exploitation moins probable ». Néanmoins, étant donné qu’il s’agit d’un composant du noyau Windows très répandu, un correctif doit être appliqué rapidement pour empêcher toute escalade locale de privilèges, en particulier sur les postes utilisateurs où un attaquant aurait déjà un pied (par exemple via un malware initial).
  • RCE dans Visual Studio (CVE-2025-62214) Score CVSS 6.7.
    Cette vulnérabilité affecte Microsoft Visual Studio, l’environnement de développement, plus précisément via l’intégration de l’extension d’IA Copilot Chat. Un attaquant disposant déjà d’un accès sur un système de développement ou convainquant un développeur d’exécuter certaines actions pourrait tirer parti d’une injection de commande via l’agent Copilot pour exécuter du code arbitraire localement.

    L’exploitation est complexe car elle nécessite plusieurs étapes successives : manipulation des invites de Copilot (prompt injection), interaction malveillante avec l’agent IA, puis déclenchement d’une construction/compilation pour exécuter la charge utile injectée. En raison de ces prérequis, la complexité est jugée haute et Microsoft classe ce scénario comme peu probable à exploiter activement dans l’immédiat.

    Cependant, la faille est considérée critique dans le bulletin car un développeur ciblé pourrait, sans le savoir, exécuter du code malveillant via ces mécanismes. Il est recommandé aux équipes de développement de mettre à jour Visual Studio et ses extensions dès que possible pour se protéger de ce type d’attaque novatrice mêlant IA et sécurité logicielle.
  • Divulgation d’information dans Nuance PowerScribe 360 (CVE-2025-30398) Score CVSS 8.1.
    Il s’agit d’une vulnérabilité touchant Nuance PowerScribe 360 (solution de reconnaissance vocale/mise en texte médicale) permettant la lecture non autorisée de données sensibles. Le problème provient d’un défaut d’authentification sur certaines API de l’application : un attaquant distant, même non authentifié, peut appeler une API spécifique de PowerScribe et extraire des informations sensibles de la plateforme, potentiellement y compris des données personnelles identifiables (PII) stockées sur le serveur.

    Le score CVSS élevé de 8.1 reflète la criticité de l’impact (fuite de données) conjuguée à la facilité d’exploitation (requête réseau sans authentification). Microsoft a classé cette faille en critique, bien qu’elle soit « exploitation moins probable » selon leurs évaluations actuelles. Les environnements utilisant Nuance PowerScribe, notamment dans le secteur de la santé, doivent s’assurer d’appliquer ce patch rapidement étant donné le risque de compromission de données médicales confidentielles.

    L’exploitation pourrait être réalisée par un attaquant via Internet si le service concerné est exposé, simplement en envoyant la requête adéquate pour récupérer les données, sans avoir besoin de détourner un compte ou de s’authentifier.

Vulnérabilités importantes à probabilité d’exploitation élevée

En plus des correctifs critiques ci-dessus, Microsoft signale que plusieurs vulnérabilités classées “Important” sont susceptibles d’être exploitées plus activement dans un avenir proche si elles ne sont pas patchées. Ces failles, bien qu’ayant un impact moindre individuellement que les critiques, présentent un profil attirant pour les attaquants selon l’évaluation de Microsoft (Exploitation More Likely). Il est donc recommandé de les inclure dans les priorités de déploiement de correctifs. Cisco Talos attire notamment l’attention sur les cinq vulnérabilités suivantes, toutes des élévations de privilèges locales dans Windows :

  • CVE-2025-59512 – CEIP Elevation of Privilege: affecte le programme d’Amélioration de l’Expérience Client (Customer Experience Improvement Program) de Windows. Un attaquant local pourrait exploiter ce défaut pour passer à des privilèges supérieurs sur la machine.
  • CVE-2025-60705 – Windows CSC Service EoP: touche le service de Client-Side Caching (CSC) de Windows (cache des fichiers hors connexion). Exploitable localement pour obtenir des privilèges administrateur.
  • CVE-2025-60719 – WinSock Elevation of Privilege: vulnérabilité d’élévation de privilèges dans le pilote Ancillary Function Driver de Windows pour WinSock (pilote système lié au réseau).
  • CVE-2025-62217 – WinSock Elevation of Privilege: une seconde faille similaire dans le pilote WinSock, également exploitable pour augmenter les privilèges.
  • CVE-2025-62213 – WinSock Elevation of Privilege: une troisième vulnérabilité dans le même composant WinSock, permettant une élévation de privilège.

Chacune de ces vulnérabilités EoP (Elevation of Privilege) nécessite qu’un attaquant ait déjà un point d’appui local sur la machine ciblée (exécution de code avec des droits limités). Elles pourraient alors être utilisées post-compromission initiale pour prendre le contrôle total de l’hôte. Microsoft n’a pas fourni de détails techniques approfondis publiquement sur ces cinq failles, mais le fait qu’elles soient marquées comme « exploitation plus probable » suggère l’existence potentielle de proofs of concept privés ou de connaissances sur des tentatives d’exploitation. Il est vivement recommandé de corriger ces vulnérabilités rapidement, car elles pourraient être intégrées dans des outils d’élévation de privilèges ou des malwares cherchant à pivoter vers des comptes administrateur une fois un accès initial obtenu sur un poste utilisateur.

Dans les autres mises à jour de sécurité notables en novembre 2025

En parallèle des bulletins Microsoft, d’autres éditeurs majeurs ont publié des correctifs de sécurité ce mois-ci. Les équipes en charge du patch management et de la veille de sécurité doivent également tenir compte des points suivants pour novembre 2025 (sources : Microsoft, BleepingComputer, Cisco Talos) :

  • Adobe : correctifs de sécurité disponibles pour de nombreux produits de la suite Adobe, notamment InDesign, InCopy, Photoshop, Illustrator, Substance 3D, Adobe Pass, et Adobe Format. Les utilisateurs de ces logiciels devraient appliquer les mises à jour correspondantes pour combler des failles pouvant aller de l’exécution de code à la fuite d’information.
  • Cisco : correctifs publiés pour plusieurs produits d’infrastructure réseau, y compris Cisco ASA (firewall), Unified Contact Center, et Identity Services. Par ailleurs, Cisco a alerté ce mois-ci sur une nouvelle campagne d’attaque exploitant d’anciennes vulnérabilités non corrigées dans ses produits – un rappel que l’application diligente des mises à jour est essentielle pour les équipements réseau.
  • Bibliothèque expr-eval : les développeurs de cette librairie JavaScript ont déployé un patch pour corriger une vulnérabilité RCE critique dans expr-eval, pouvant affecter des applications web l’utilisant. Les projets incorporant expr-eval doivent mettre à jour vers la version corrigée pour éviter tout risque d’exécution de code via des entrées malveillantes.
  • Fortinet : un correctif est disponible pour une faille d’élévation de privilèges de sévérité moyenne dans le système FortiOS (système d’exploitation des appliances Fortinet). Bien que classée comme modérée, cette vulnérabilité pourrait faciliter le contournement de restrictions par un utilisateur malintentionné sur un appareil non à jour.
  • Google (Android) : le bulletin de sécurité Android de novembre 2025 corrige deux vulnérabilités dans le système mobile Android. Les terminaux Pixel (et autres appareils Android supportés via le projet AOSP) bénéficient d’un correctif – il est recommandé aux utilisateurs et aux entreprises gérant des parcs de déployer ces mises à jour OTA dès que disponibles pour réduire les risques sur mobiles.
  • Ivanti : l’éditeur a diffusé ses correctifs de sécurité mensuels de novembre 2025 pour ses produits d’entreprise (ex-LANDesk, etc.). Les détails spécifiques n’ont pas été énumérés, mais il est conseillé aux administrateurs de consulter les bulletins Ivanti afin d’appliquer les patches pertinents.
  • runC : une mise à jour de sécurité de l’outil de conteneurisation runC corrige plusieurs failles permettant à un attaquant de s’échapper d’un conteneur Docker ou Kubernetes et d’exécuter du code sur l’hôte. Étant donné l’omniprésence des conteneurs, les équipes DevOps doivent intégrer ces correctifs pour renforcer l’isolation.
  • QNAP : le fournisseur de NAS a publié des correctifs pour sept vulnérabilités zero-day qui avaient été exploitées lors du concours de hacking Pwn2Own Ireland 2025 pour compromettre des dispositifs de stockage en réseau. Les administrateurs de NAS QNAP doivent appliquer ces mises à jour de firmware dès que possible, ces appareils étant des cibles courantes pour les cybercriminels.
  • SAP : le lot de patchs de sécurité SAP de novembre 2025 couvre plusieurs produits de l’éditeur allemand, dont une correction critique pour une faille de mot de passe codé en dur (note CVSS 10/10) dans SQL Anywhere Monitor. Les entreprises utilisant des solutions SAP doivent prêter attention à ces avis et corriger immédiatement les instances vulnérables, car les failles de ce type peuvent entraîner un accès non autorisé complet aux bases de données.
  • Samsung : le bulletin de sécurité mobile de Samsung pour novembre 2025 mentionne des correctifs pour 25 vulnérabilités affectant les smartphones Samsung Galaxy. Il inclut en général des patches du core Android (reprenant le bulletin Google) ainsi que des failles spécifiques à la surcouche Samsung. Les équipes gérant des flotte de mobiles Samsung doivent veiller à déployer ces mises à jour via Knox ou les mécanismes OTA pour protéger les terminaux.

Cette liste non exhaustive démontre que novembre 2025 a été un mois chargé en correctifs de sécurité au-delà de l’écosystème Microsoft. Une approche globale de gestion des correctifs doit intégrer ces multiples sources, afin de réduire les angles d’attaque tant sur les postes de travail que sur les serveurs, équipements réseau, applications mobiles et autres outils tiers déployés dans l’organisation.

On ne réfléchit pas, On Patch ! ™

Recommandations et mesures à prendre

À la lumière de ces informations, voici mes principales recommandations pour les équipes en gestion des vulnérabilités (CERT, SOC, CSIRT, CISO, équipes IT DSI) et équipes de gestion des patchs :

  1. Appliquer sans délai les correctifs Microsoft de novembre 2025 sur l’ensemble des systèmes concernés. Priorisez en particulier le déploiement du patch pour la faille CVE-2025-62215 (Windows Kernel) étant donné qu’elle est déjà exploitée activement. De même, les vulnérabilités critiques (RCE GDI+, Office, etc.) doivent être patchées en priorité absolue, compte tenu de leur impact potentiel sévère. Vérifiez que les postes clients (Windows 10/11) et les serveurs applicatifs (notamment ceux exposés traitant des fichiers) reçoivent bien ces mises à jour.
  2. Surveiller et patcher les vulnérabilités importantes à risque élevé d’exploitation : En plus des failles critiques, portez une attention particulière aux vulnérabilités d’élévation de privilège marquées comme « Exploitation Plus Probable » par Microsoft (CEIP, CSC, WinSock). Bien qu’elles soient classées Importantes, leur correction rapide est tout aussi cruciale car elles pourraient être intégrées prochainement dans des chaînes d’attaque, notamment par des malwares ou adversaires cherchant à escalader leurs privilèges après une intrusion initiale.
  3. Assurer la continuité des correctifs pour Windows 10 si encore utilisé : Si votre parc comporte encore des machines sous Windows 10 (dont le support standard a pris fin en octobre 2025), veillez à ce qu’elles soient inscrites au programme ESU de Microsoft pour recevoir les correctifs de sécurité étendus. Le Patch Tuesday de novembre 2025 étant le premier à fournir des mises à jour post-fin de support pour Windows 10, il est impératif de vérifier l’application de ces patches ESU sur ces systèmes ou, de préférence, de planifier la migration vers Windows 11, plus sûre à long terme. Si vous avez rencontré des difficultés d’enrôlement ESU, appliquez le correctif hors bande publié par Microsoft pour résoudre le bug d’inscription ESU.
  4. Mettre à jour les autres produits et logiciels tiers : Profitez de ce cycle de patch mensuel pour passer en revue les avis de sécurité des autres fournisseurs listés ci-dessus (Adobe, Cisco, SAP, etc.) et appliquez les mises à jour disponibles sur les applications concernées dans votre environnement. Les attaquants ciblent souvent les failles connues dans les logiciels populaires (navigateurs PDF, suites créatives, équipements réseau) en complément des vulnérabilités Windows. Maintenir à jour l’ensemble de ces composants réduit significativement la surface d’attaque.
  5. Surveillance et détection : Jusqu’à ce que les correctifs soient pleinement déployés sur tous les systèmes, il est recommandé d’augmenter la surveillance des tentatives d’exploitation correspondantes. Par exemple, l’équipe Cisco Talos a publié de nouvelles règles Snort pour détecter l’exploitation de plusieurs failles abordées ce mois-ci (règles Snort n° 65496 à 65501, 65507 à 65510, et règles Snort3 n° 301343 à 301345, 301347, 301348). Si vous utilisez des IDS/IPS tels que Snort ou Suricata, assurez-vous de mettre à jour vos règles à la dernière version pour bénéficier de ces détections. De manière générale, activez l’audit et la journalisation renforcée sur les services critiques (par ex. journalisation des échecs de connexion, des chargements de pilotes, etc.) afin de repérer d’éventuels signes d’exploitation (par exemple, un processus anormal obtenant soudainement des privilèges élevés pourrait indiquer l’exploitation d’une élévation de privilèges).
  6. Communication et sensibilisation : Informer les équipes IT et les utilisateurs des déploiements de correctifs en cours. Pour les vulnérabilités nécessitant une interaction utilisateur (telles que l’ouverture de documents Office malveillants), rappeler les bonnes pratiques de vigilance (ne pas ouvrir de documents d’origine inconnue, méfiance vis-à-vis des pièces jointes inattendues, etc.) pendant la fenêtre de déploiement des patches. Ceci peut réduire la probabilité qu’une attaque réussisse avant que les correctifs n’aient été appliqués partout.

En suivant ces recommandations et en maintenant une politique de mise à jour rigoureuse, votre organisation renforcera significativement sa posture de sécurité face aux menaces actuellement actives et à venir.

La diversité des failles couvertes ce mois-ci, allant du cœur du système Windows jusqu’à des applications tierces critiques – illustre l’importance d’une gestion globale et proactive des vulnérabilités. Les équipes de sécurité doivent rester particulièrement alertes, notamment vis-à-vis de la vulnérabilité zero-day désormais publique, et s’assurer que les mécanismes de protection en profondeur (correctifs, détection, sauvegardes) sont en place pour atténuer les risques associés.

Enjoy !

Sources :
Microsoft: https://msrc.microsoft.com/update-guide
Bleeping Computer: https://www.bleepingcomputer.com/news/microsoft/microsoft-november-2025-patch-tuesday-fixes-1-zero-day-63-flaws/
CISCO TALOS; https://blog.talosintelligence.com/microsoft-patch-tuesday-november-2025/